L’immobilier chinois poursuit sa déprime
On a longtemps conçu les villes fantômes comme ces villes américaines issues de la période de la ruée vers l’or, en plein désert avec des virevoltants traversant les rues vides. En 2024 les villes fantômes sont plutôt des ensembles modernes vides situés en Chine, bien loin du cliché des westerns spaghetti.
Tours vides, rues désertes, silence pesant, des villes comme Tianjin, au nord de la Chine ont vu leur urbanisme se transformer à vitesse grand V pour finalement devenir des ensembles tristement vides à perte de vue. La Chine a énormément parié sur l’immobilier, avec près d’un quart du PIB dédié à ce seul secteur. L’Empire du Milieu a vu grand, peut être un peu trop lorsque l’on voit les conséquences liées à l’arrêt du secteur depuis plusieurs mois.
La population chinoise a pu profiter de la croissance exponentielle du pays depuis la fin des années 90 et une classe moyenne a vu le jour dans le pays, grâce à l’engouement pour la Chine promue usine du monde. Malheureusement la crise sanitaire de 2020 et les différents conflits géopolitiques, la conjoncture s’est soudain inversée et elle a impacté plusieurs secteurs d’activité.
La baisse des activités a créé un pic inattendu de chômage, empêchant ainsi l’accès à la propriété pour de nombreux Chinois. Pour ceux qui ont pu conserver un emploi, c’est la dépréciation immobilière qui les empêche de vendre leur bien, impactant ainsi leur portefeuille et les appauvrissant un peu plus.
La population chinoise perd du pouvoir d’achat, et même si les prix sont bas, l’accès à la propriété se restreint, alors même que le gouvernement avait pris des mesures incitatrices comme la réduction de l’apport minimum ou le rachat de logements vides par les collectivités locales. Rien n’y fait, le secteur ne redémarre pas et les ménages restent attentistes.
Pourtant, devenir propriétaire est à la base une étape de vie importante d’un point de vue culturel. En Chine, on ne pense pas fonder une famille si l’on ne possède pas son logement. L’emploi des jeunes est en péril, le taux de chômage a atteint des pics encore inédits et préoccupants, le marché du travail est en pleine déprime et les jeunes chinois ne parviennent plus à trouver du travail aussi facilement que ce qu’ont pu connaître leurs ainés. Et ils peinent à se loger alors que dans le même temps un grand nombres de logements construits trop chers restent vides.
Si le pays génère encore de la croissance, celle-ci n’atteindra sans doute péniblement que 5% cette année, un taux excessivement bas pour un pays comme la Chine. L’État chinois tente de se préparer à une récession inédite, face à une série d’imprévus géopolitiques, conjoncturels et sanitaires couplés à une série de mauvaises décisions stratégiques qui ont impacté durablement le pays et mettent en péril ses objectifs de croissance.